MAGRITTE : Le mystère de "La pose enchantée" enfin résolu !
Publié le 14.11.2017
Le mystère dévoilé : la dernière pièce manquante de « La pose enchantée » de René Magritte, découverte par des chercheurs de l’ULiège sous son tableau « Dieu n’est pas un saint ».
Ceci a été révélé lors d'une conférence de presse tenue au Musée Magritte Museum ce mardi 14 novembre.
La 4e et dernière partie de « La pose enchantée », une œuvre de René Magritte répertoriée mais dont avait perdu la trace depuis 1932, a été découverte par les chercheurs de l’Université de Liège sous une autre peinture du maître exposée au Musée Magritte Museum de Bruxelles, « Dieu n’est pas un saint ». Cette découverte met fin à une énigme de plus de 80 ans et permet de restituer complètement mais virtuellement une œuvre de première importance du maître du surréalisme belge.
Issu d’une étroite collaboration entre le Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) et le Centre Européen d’Archéométrie de l’Université de Liège, le projet de recherche, « Magritte on practice », consiste en l’étude systématique de la plus vaste collection du monde d’œuvres peintes par l’artiste, celle du Musée Magritte de Bruxelles, par le biais de tout un arsenal de techniques d’analyse physico-chimique et d’imagerie scientifique non invasives.
Ce projet d’envergure débuté en 2016, vise à jeter un nouvel éclairage sur l’œuvre peint de René Magritte (1898 - 1967), à travers le prisme de sa matérialité. Grace à la portabilité des instruments dont dispose le CEA, l’ensemble des examens et analyses est réalisé in situ, dans une salle du musée mise à la disposition des scientifiques.
Au-delà d’une connaissance approfondie du processus d’élaboration et des matériaux constitutifs d’un corpus d’œuvres couvrant l’entièreté de la carrière de l’artiste (42 peintures à l’huile et 21 gouaches réalisées entre 1921 et 1963), il s’agit de cerner au mieux Magritte en tant que praticien, de découvrir des œuvres de jeunesse inédites ou disparues, et, d’élucider les causes des altérations atypiques de la couche picturale qui affectent de manière récurrente les œuvres de jeunesse du peintre.
Quatre éléments dans quatre musées autour du monde
Ce tableau aujourd’hui disparu, mais bel et bien répertorié dans le catalogue raisonné consacré à l’artiste, refait surface pour la première fois en 2013, lorsque la radiographie par rayon X d’un tout autre tableau de la main du surréaliste belge, « Le portrait », exécuté en 1935 et conservé au MoMA (Museum of Modern Art, New York), mène à la découverte de la partie supérieure gauche de « La pose enchantée », sous les couches de peinture de la composition actuelle.
Dans la foulée, « Le modèle rouge », également peint par Magritte en 1935, conservé quant à lui au Moderna Museet (Stockholm), est identifié comme le tableau dissimulant la partie inférieure gauche de la composition perdue. Il faudra attendre 2016, pour qu’un troisième morceau de « La pose enchantée », correspondant à la partie inférieure droite, soit localisé, au Norwich Castle Museum cette fois, sous les couches de peinture de « La condition humaine », œuvre datant elle aussi de 1935.
Depuis, de nombreux responsables de collections et scientifiques spécialisés dans l’étude du patrimoine artistique regroupaient leurs efforts pour lever le dernier coin du voile de mystère entourant « La pose enchantée » et savoir quel tableau dans le monde dissimulait la pièce manquante du puzzle.
Les initiateurs du projet « Magritte on Practice » mettent fin aujourd’hui à cette énigme. En effet, l’examen radiographique à la mi-octobre d’un tableau de la collection du Musée Magritte a permis la découverte de la partie supérieure droite de « La pose enchantée », restée jusqu’alors introuvable. Il s’agit en l’occurrence de « Dieu n’est pas un saint », tableau réalisé entre 1935 et 1936, provenant du legs de Mme Irène Scutenaire-Hamoir en 1996. L’œuvre en question se trouve actuellement accrochée aux cimaises du Musée Magritte Museum.
En considérant la fâcheuse habitude qu’avait René Magritte de recycler le support de ses propres toiles, et au vu du nombre de ses tableaux dont la localisation reste inconnue, on peut raisonnablement s’attendre à découvrir très prochainement d’autres compositions ou des fragments ayant fait l’objet de remploi.
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